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Le blog de Laurent Bisault

Dans l’oreille du cyclone, Guillaume Meurice, Éditions Le Seuil

Mar 16, 2024 #Le Seuil

C’est l’histoire d’une blague qui déclenche un tollé médiatique. C’est l’histoire d’un auteur sanctionné par sa hiérarchie et convoqué par la police judiciaire. C’est l’histoire d’une époque où la revendication de Charb, « je ris de ce que je veux, quand je veux » n’est plus d’actualité. Huit petites années après l’attentat de Charlie Hebdo. L’auteur c’est Guillaume Meurice, un trublion qui intervient sur France Inter aux côtés de Charline Vanhoenacker depuis 2014 dans une émission qui a changé plusieurs fois de nom. D’abord Si tu écoutes, j’annule tout, ensuite Par Jupiter !, puis C’est encore nous !, et aujourd’hui Le Grand Dimanche Soir. La blague a été commise le 29 octobre 2023 dans une chronique consacrée à Halloween quand Guillaume Meurice déclara « Pour Halloween je vous conseille le déguisement Netanyahou qui marche pas mal. Vous voyez qui c’est ? Une sorte de nazi sans prépuce. ». Drôle, pas drôle ? Tous les avis sont recevables.

Ce que Guillaume Meurice qualifie de « Prépucegate » démarre

Quand on réécoute l’émission on entend beaucoup de rires, de la salle du studio 104 de la Maison de la Radio aux autres chroniqueurs. Mais trois semaines après les abominations du Hamas en Israël, et pendant les massacres de Tsahal à Gaza, la chronique suscite un grand nombre d’attaques. Sur les réseaux sociaux et même sur le téléphone de Meurice dont le numéro a fuité. Sous couvert d’anonymat on le menace de mort, on lui annonce qu’on va le kidnapper, le découper. Ce que Guillaume Meurice qualifie de « Prépucegate » démarre. La fachosphère Pascal Praud en tête lui tombe dessus. La rabbin Delphine Horvilleur demande qu’on lui circonscrive son temps d’antenne. Stéphane Guillon évoque son manque de talent. Deux chroniqueurs du Grand Dimanche Soir lui tournent le dos. Le Secours populaire le récuse pour une opération caritative. Sa hiérarchie n’est pas en reste puisque successivement la directrice de France Inter et celle de Radio France le convoquent, lui demandent des excuses publiques, et le sanctionnent. Elles ignorent par contre les menaces de mort que leur rapporte Guillaume Meurice.

Les temps ont changé

La justice tranchera leur désaccord mais derrière le cas d’un humoriste fragilisé malgré de nombreux témoignages de soutien, c’est la liberté d’expression qui est remise en cause. Comme l’explique le critique de cinéma et enseignant Adrien Dénouette « Accuser l’humoriste d’aller trop loin, c’est lui reprocher de bien faire son travail ». Depuis 2015 il ne semblait plus possible de condamner les outrances des caricaturistes. Charb, Cabu, Bernard Maris et les autres avaient payé pour cela. Sans doute les rageux de tout poil n’avaient-ils pas osé refuser de défiler après les meurtres du 7 janvier 2015. Mais les temps ont changé. Finie l’époque où il paraissait logique de ne pas lire ni d’écouter quand on n’aimait pas. Pactiser avec l’extrême droite, refuser qu’une chanteuse représente la France parce qu’elle est d’origine malienne ne semble plus choquer. Alors si déplacer une des rares émissions où on ne baisse pas la tête ne suffit pas, autant se débarrasser de ceux qui l’animent.

La réponse de Guillaume Meurice
Impossible de publier ce dessin aujourd’hui

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