À 40 ans Constance Debré a tout abandonné. Son hétérosexualité, son mari, son métier d’avocate, ses revenus, ses biens. On l’a aussi privée de son fils Paul âgé de 8 ans. Elle la bourge, petite-fille de Michel Debré ancien Premier ministre, nièce de Jean-Louis Debré ancien président du Conseil constitutionnel, mais surtout fille de sa mère mannequin partie très tôt et de son père qui n’a pas le sou. Constance est partie vivre son homosexualité et écrire ses livres. Cela nous donne un court récit détonnant, passionnant, cru, où elle se raconte en s’interrogeant sur ce qu’est l’amour maternel. « Je ne vois pas pourquoi l’amour entre une mère et un fils ne serait pas exactement comme les autres amours. Pourquoi on ne pourrait pas cesser de s’aimer. Pourquoi on ne pourrait pas rompre ». Ce n’est pas pour autant que Constance choisit d’abandonner Paul. Elle souhaitait une garde alternée, le voir tous les quinze jours et la moitié des vacances. Mais Laurent son mari s’y est opposé. Que sa femme après vingt ans de vie commune s’en soit allée passe encore. Mais pas pour d’autres femmes. Alors Laurent s’oppose à ce que Constance vienne chercher Paul. Il fait en sorte que son fils refuse de voir sa mère, qu’il hurle quand elle arrive, qu’il lui fasse un doigt d’honneur. Cela se finit au tribunal. L’avocat de Laurent lit des extraits de la bibliothèque de Constance, Bataille, Guibert. II évoque en filigrane l’inceste et transmet une lettre de Paul qui explique que sa mère est cinglée. La juge demande une expertise psychiatrique des parents et de l’enfant qui doit être rendue d’ici six mois. Un délai indicatif qui n’engage en rien l’institution. En attendant le père conserve la garde exclusive, et la mère n’est autorisée à voir son fils qu’une heure tous les quinze jours dans le cadre d’une institution spécialisée. « Sauf meilleur accord des parties ». Alors Constance part vivre sa vie d’ascèse. Elle se contente de ses jeans et de ses tee-shirts dans un studio de 9 mètres carrés. Elle nage tous les jours à la piscine pour s’entretenir. C’est pratique une piscine pour se doucher quand on n’a pas d’argent et qu’on vole aussi un peu pour se nourrir. Surtout Constance rencontre beaucoup de femmes qu’elle énumère dans un carnet. Constance Debré se dit que si elle s’était contentée d’aimer les femmes ce serait passé. Mais pas en abandonnant son statut social, son rapport au travail, à l’argent, au corps puisqu’elle s’est fait tatouer. Et que c’est ça qui rend dingue son mari et les juges. Cinq mois plus tard, l’expert rend son rapport. Il explique que Paul aime sa mère et que Constance n’est pas folle. Il lui dit que sa situation est celle d’un père qui devient pédé. Il l’encourage à ne pas lâcher en ajoutant que son rapport ne servira pas à grand-chose tant que le père sera bloqué dans la violence. La vie de Constance se poursuit, toujours beaucoup de femmes, elle lâche son studio et squatte chez des connaissances. Constance ne nous impose rien. Elle n’élabore aucune théorie. Elle est bien trop individualiste pour cela. Elle se raconte et c’est passionnant.