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Le blog de Laurent Bisault

La cité de feu, Kate Mosse, Éditions Sonatine

Mai 11, 2020 #Sonatine

Si vous aimez les romans historiques, les sagas familiales, les périples qui oscillent entre l’amour et la haine, les récits où l’on se jure fidélité avant de s’estourbir à grands coups d’épée, vous ne serez pas déçus. Kate Mosse vous offre le premier volume d’une trilogie qui vous emmènera sur trois siècles de l’Occitanie médiévale à l’Afrique du Sud. Dans ce premier tome, vous allez découvrir la cité de Carcassonne ainsi que la haute vallée de l’Aude de Puivert à Chalabre et même Tarascon. Là où l’on peut encore sentir les effluves du bûcher de Montségur quand le vent vient du bon côté. Et surtout vous verrez d’un œil nouveau ces lieux toulousains que vous croyiez pourtant connaître : la place du Parlement, Saint-Agne, la rue Nazareth, Saint-Cyprien ou la rue du Taur. Vous êtes en 1562, c’est le début des guerres de religion, une période où il faisait bon occire son prochain, surtout quand vous étiez catholique et que le Protestant qui était devant vous s’obstinait vénérer à sa façon le Créateur. L’histoire débute à Carcassonne dans la famille catholique des Joubert. Bernard le père libraire est veuf avec trois enfants : Marguerite alias Minou sa fille aînée, son fils Aimeric et la petite dernière Alis. Minou a la bonne idée de tomber amoureuse d’un Huguenot prénommé Piet. On croirait presque que c’est fait exprès. Le beau jeune homme né à Amsterdam est un ancien condisciple de Valentin Vidal, désormais prêtre catholique et qui aspire à devenir évêque de Toulouse. Piet s’est rendu dans la cité médiévale pour monnayer une partie du suaire d’Antioche, dérobé dans l’église Saint-Sernin du Taur à Toulouse.

Avec quatre mille morts au compteur, on ne peut leur nier un réel savoir-faire

Il en aurait fallu moins que cela pour déclencher une folle course poursuite entre l’Aude et la capitale du Haut-Languedoc. Surtout que l’année 1562 est celle où le frétillant duc de Guise va mettre la France à feu et à sang en massacrant des Protestants à Wassy en Normandie. Pour la Saint-Barthélémy il faudra encore patienter dix ans, mais en attendant les troupes catholiques se font la main, notamment à Toulouse en ce milieu d’année. Avec quatre mille morts au compteur, on ne peut leur nier un réel savoir-faire. À côté, le tour de manège offert à Jean Calas place Saint-Georges deux siècles plus tard, ce n’est que de la petite bière. Minou Joubert va se retrouver prise entre les deux communautés dans une période où tous les mauvais coups sont permis. Y compris ceux de l’Inquisition, une sympathique institution que l’on gagne à fréquenter le moins possible. On s’espionne, on se trahit, on s’empoisonne, on dévoie des ecclésiastiques en leur imposant les plaisirs de la chair. Mais comme on n’a pas encore trouvé mieux pour perpétuer son nom, ils sont bien obligés de céder. Kate Mosse est une redoutable romancière, dans la lignée de son compatriote Ken Follet, auteur des Piliers de la Terre. On pense en la lisant à la trilogie de Dumas constituée de La reine Margot, de La Dame de Montsoreau et des Quarante-cinq. Sa connaissance et son amour de l’Occitanie vient de que ce Kate Mosse réside depuis bien longtemps à Carcassonne. Son roman s’inscrit parfaitement dans la lignée des grands romans historiques publiés chez Sonatine comme La Quête ou Le feu divin de Robert Lyndon. Alors autant dire qu’on attend avec impatience la suite.

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