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Le blog de Laurent Bisault

Mémoires de Vidocq – Tome 1, Eugène-François Vidocq, Ebooks libres et gratuits

On vous aura prévenus. Quand il vient du Nord le chef de la police est infréquentable. Petit coq, toujours à se donner le beau rôle, trahissant sans vergogne ceux qui l’ont accueilli. Querelleur, matamore. Toujours au contact de la violence. À l’en croire tombeur de la gent féminine qui ne saurait résister à ses charmes, avec une légère tendance à réinventer l’histoire pour se donner le beau rôle. Adepte des orgies. D’origine populaire et toujours en quête d’ascension sociale. Assumant ses erreurs de jeunesse, mais défenseur de la veuve et de l’orphelin. De la veuve plus que de l’orphelin. Combattant des terroristes. Adepte de l’Allemand ou plutôt de l’Autrichien. Détesté par les élites mais s’en foutant, car c’est en s’appuyant sur les braves gens qu’il compte faire carrière. Lui ? Non pas lui. Lui n’a guère d’intérêt. Il n’est qu’un épiphénomène que l’on oubliera rapidement. On parle ici de l’autre, le vrai. L’unique. L’icône des policiers : Eugène-François Vidocq. Celui dont Balzac s’est inspiré pour créer Vautrin dans Le père Goriot et dont Victor Hugo se servit pour imaginer le bagnard Jean Valjean. Un personnage digne des héros de Dumas. Vidocq le charmeur interprété par Claude Brasseur dans le feuilleton de Marcel Bluwal qui illumina la France télévisuelle des années 70. Celui qui finit tous les épisodes dans les bras de la sublime Danièle Lebrun. Oh François …

Malfrat un jour, indic puis flic le lendemain

Eugène-François Vidocq se raconte dans ses mémoires en quatre tomes accessibles gratuitement en numérique car libres de droits. Peu importe qu’ils aient été écrits par des nègres, Vidocq s’en explique dans sa préface. Une multiple fracture du bras l’a empêché de mener seul à terme ce projet. Peu importe que des historiens remettent en cause certains aspects du récit. Ce n’est pas une thèse que nous découvrons mais un personnage de légende. Roué, batailleur, maître à l’escrime, d’une force physique exceptionnelle. Capable de jouer avec ceux qu’il côtoie, d’utiliser le savoir acquis dans un camp pour progresser en face. Malfrat un jour, indic puis flic le lendemain. Vidocq né en 1775 à Arras à côté de la maison de Robespierre. Père boulanger qui lui donne son premier métier, porteur de pain à 13 ans. Cela ne l’empêche pas de voler l’argenterie de ses parents qui le font écrouer. Libéré il dérobe la caisse de la boulangerie avec un complice et s’enfuit à Lille. Il cherche à partir aux Amériques mais dépouillé de son butin, il s’engage dans un cirque où il nettoie les cages des singes et apprend les différents sauts. Lassé de cette vie, Il vend des élixirs et coupe les corps aux pieds avant de revenir chez ses parents. Il prend le temps de lutiner quelques drôlesses avant de s’engager dans l’armée, ce qui lui vaut d’être à Jemappes en 1792 quand l’armée révolutionnaire met une tannée aux Autrichiens. Dénoncé comme déserteur de son ancien bataillon, il change de camp et intègre l’armée des envahisseurs. Pour un temps seulement, car après avoir tâté de la schlague pour s’être embrouillé avec un supérieur, il réintègre l’armée française. Il revient à Arras régentée par les « terroristes » qui ont installé la guillotine à chaque coin de rue.

Il n’aura de cesse de faire annuler cette condamnation

Il vadrouille alors entre Lille, Bruxelles et Tournai et finit par être incorporé comme sous-lieutenant dans l’Armée Roulante, une structure composée d’officiers sans brevet, sans troupes, munis de faux états. Au total moins de deux mille aventuriers où il devient rapidement capitaine de hussards. Quelques escroqueries plus tard Vidocq est de nouveau arrêté, et on lui reproche des faux en écriture publique dans le cadre de l’évasion d’un prisonnier. Il multiplie les tentatives de fuite, creusant le sol de sa cellule au risque de se noyer dans une rivière souterraine. Il prend pour l’ensemble de son œuvre huit ans de fers. Direction le bagne de Brest. Vidocq a 22 ans et il n’aura de cesse de faire annuler cette condamnation. Pendant son transfert Vidocq côtoie la lie de la société, et serait bien en peine de dire qui des prisonniers et des argousins qui les gardent sont les pires. À Brest il se demande comment transformer le bagne. À l’instar des Anglais en envoyant les détenus dans les colonies ? En supprimant les ateliers où les prisonniers perfectionnent leur savoir de délinquant ? En limitant la cruauté des gardiens ? Il s’échappe en se déguisant en femme puis se fait embaucher pour convoyer des bœufs vers Paris. De retour dans le Nord il devient corsaire après avoir fui un navire hollandais où il avait été enrôlé de force. À nouveau arrêté il repart au bagne mais cette fois celui de Toulon d’où il finit par s’enfuir.

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