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Le blog de Laurent Bisault

Une bête au paradis, Cécile Coulon, Éditions L’Iconoclaste

Nov 1, 2019 #L'Iconoclaste

Ne vous y trompez pas, la bête c’est elle. Cécile Coulon. Toujours pas 30 ans et déjà son septième roman, plus des essais, des nouvelles et des poèmes. On vous a déjà présenté Le cœur du pélican et Trois saisons d’orage. Elle continue, en bonne marathonienne qu’elle est par ailleurs, avec pour la première fois une sortie du livre en pleine rentrée littéraire. Un risque que son ancien éditeur n’avait jamais voulu prendre, de peur que ses romans passent inaperçus. Le danger n’était pas bien grand tant ce nouveau bouquin est réussi. Il est tout aussi rural que le précédent, l’action se déroulant presque entièrement dans une ferme dont on ne connait pas le lieu, devant laquelle se trouve écrit : « bienvenue au Paradis ». De paradis, la ferme n’a que le nom tant la vie y est difficile pour ceux qui y résident. Certes le cadre est magnifique, Cécile Coulon nous en décrit longuement les couleurs, mais tellement exigeant. En plus des animaux, poules, pintades, cochons et vaches, Émilienne y élève ses deux petits-enfants Blanche et Gabriel depuis la mort de leurs parents dans un accident de voiture. Elle a aussi accueilli Louis quand adolescent il avait fui les coups de son père. Il est depuis le commis de l’exploitation, le seul homme. Les enfants grandissent et Gabriel demeure traumatisé par l’absence de ses géniteurs, mais heureusement Blanche s’annonce aussi forte que sa grand-mère. À 16 ans elle s’éprend au lycée d’Alexandre, si beau. C’est avec leur première fois que débute le livre. Blanche en a choisi la date, le jour où la mise à mort d’un cochon mobilise toute l’attention de cette micro-société. Si Alexandre estime s’en être bien sorti, Blanche est plus mitigée. « Ça fait mal comme de marcher sur une braise » lui dit Blanche. Il y aura plein d’autres fois, bien mieux réussies. Alexandre est si beau, plein d’attentions pour Émilienne qui le lui rend bien. Pas vraiment doué avec les animaux, Alexandre se rattrape en vendant les œufs au marché. Seul Louis ne l’accepte pas car il aurait tant aimé être à sa place, mais il n’a pas son mot à dire. Vient le jour où Alexandre annonce à Blanche qu’il part faire ses études à la ville. Elle sait parfaitement que ses promesses de revenir toutes les semaines seront vaines. Elle qui lui a tant donné, ne peut pas imaginer vivre ailleurs, ne pas succéder à sa grand-mère. Laisser mourir Le Paradis. Blanche ne se remet du départ d’Alexandre qu’en travaillant tant et plus, musclant et transformant son corps. Dix années plus tard Alexandre revient. Agent immobilier, on dit de lui qu’il a très bien gagné sa vie en Nouvelle-Zélande. En présentant son livre, Cécile Coulon explique s’inscrire dans le sillage des rares écrivains de la campagne comme Franck Bouysse, celui de Plateau ou de Grossir le ciel. Elle partage beaucoup de choses avec l’auteur corrézien. Son amour du Massif central, la noirceur de ses histoires et le talent.

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