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Le blog de Laurent Bisault

Enquête sur le nouvel or jaune, François Roche et Béatrice Mathieu, Éditions François Bourin

Oct 2, 2017 #François Bourin

Un voyage. Un voyage au cours du temps et de l’espace. C’est ce que vous offrent François Roche et Béatrice Mathieu dans leur petit livre sur le miel. Un livre d’enquête fort bien écrit par deux journalistes. Un livre de passion car Béatrice Mathieu est aussi apicultrice. À ses heures comme tant d’autres producteurs de miel en France qui ne vivent guère de cette activité. Direction la préhistoire pour commencer car on trouve trace de consommation de miel 9 000 ans avant J.-C sur des peintures rupestres de Mésopotamie. Une étape ensuite dans l’Antiquité puis au Moyen Âge deux périodes où le miel fascine non seulement les grands auteurs comme Pline mais aussi où il circule dans toute l’Europe. La multiplication des cultures de canne à sucre, d’abord en Asie puis en Amérique latine, ne le fait pas disparaître. Même si cette nouvelle production illustre le combat de David contre Goliath. D’un côté une activité artisanale exercée pour l’essentiel par les abeilles. De l’autre une production humaine à grande échelle qui tue des millions d’Africains victimes de la traite négrière. Et pourtant le miel traverse les siècles grâce aux abeilles. Et c’est ici que réside le danger. Car elles sont aujourd’hui décimées, ce qui fragilise d’autant la production mellifère et plus encore une grande partie des cultures qui ont besoin de la pollinisation qu’assurent les abeilles et beaucoup d’autres insectes. La réduction des populations d’abeilles a des causes multiples : les virus et autres prédateurs comme le frelon asiatique qui se déplacent facilement avec la multiplication des échanges de marchandises. Les pesticides déciment les ruches quoi qu’en disent les industriels qui les fabriquent. La simplification des assolements n’arrange rien car elle réduit d’autant le garde-manger des abeilles. Mais certains apiculteurs ont aussi leur responsabilité quand ils importent des cheptels pas adaptés à leur territoire. En Chine le premier producteur mondial, la situation est si grave que les hommes se substituent aux abeilles pour polliniser les cultures. Et les apiculteurs américains louent leurs ruches pour que perdurent les cultures d’amandiers en Californie. Un autre danger met en péril les producteurs de miel en France. La fraude qui pousse les Chinois à vendre plus de miel que ne leur permettent les colonies d’abeilles dont ils disposent. En ajoutant du sucre, de l’eau ou des produits synthétiques au miel qu’ils exportent. Certes, la France n’importe pas de miel chinois mais elle ne produit qu’un quart de ses besoins. D’où des achats de miels européens qui pourraient être des miels chinois maquillés. Pour ne rien arranger, les contrôles de la direction générale de la Concurrence montrent aussi que les miels de la grande distribution prennent quelques largesses avec la réglementation. Ce portrait fort critique de la filière ne désespère pas pour autant Béatrice Mathieu qui décrit aussi la beauté d’une récolte au fin fond la Creuse.

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