Surbooké

Le blog de Laurent Bisault

Carnets de steppes, Sylvain Tesson et Priscilla Telmon, Éditions Pocket

Fév 1, 2018 #Pocket

Sylvain Tesson aime prendre son temps. Lisez pour vous en convaincre Dans les forêts de Sibérie, le récit de ses six mois passés dans une cabane sur les rives du lac Baïkal. Ou reprenez sa retraite de Russie en side-car racontée dans Berezina. Il nous rapporte cette fois sa traversée de l’Asie centrale en compagnie de la photographe Priscilla Telmon. Et comme l’éditeur a bien fait les choses, vous profiterez des magnifiques clichés pris au Kazakhstan, au Kirghizistan, au Tadjikistan et en Ouzbékistan. Pourquoi donc se presser pour aller d’Almaty à la mer d’Aral ? Autant profiter des hommes et des paysages. Autant tenter de comprendre ce territoire qui a fasciné Russes, Chinois, Perses et Arabes. Que Marco Polo mit vingt-cinq ans à traverser et que seuls les Mongols dominèrent durablement dans la foulée de Gengis Kahn et de Tamerlan. Comme eux, mais bien plus pacifiquement, Sylvain Tesson et Priscilla Telmon ont choisi de se déplacer à cheval. Au rythme de leur étalon et de leur deux hongres, sur les pistes montagneuses ou désertiques, dans la neige, le froid ou le soleil. Le début du périple se passe dans les montagnes kirghizes où les nomades savent accueillir les cavaliers dans leur yourte histoire de partager le koumis. Ce lait de jument fermenté est un point de passage obligé pour tous les voyageurs. De toute façon, on ne refuse pas un cadeau quand on est invité. On ne saurait non plus s’échapper quand il s’agit de boire la vodka offerte au lever. Au Kirghizistan, l’islam est teinté d’apports russes. Comme dans toute la région, puisque les États actuels sont d’anciennes républiques soviétiques. Des républiques dont les frontières ne coïncident pas avec les peuples qui les habitent. Un moyen comme un autre pour Staline de mieux les contrôler. Étape suivante, le Tadjikistan. On y parle une langue persane et non pas turque comme dans les autres pays. On y ressent surtout les premières poussées des Islamistes. En pénétrant dans la vallée de Ferghana, les deux cavaliers abandonnent les montagnes pour des terres vouées depuis longtemps à la culture. Hélas, les jardins ont cédé la place au coton dont la récolte mobilise toute la population le moment venu. L’or blanc y a pris tant d’importance qu’il est difficile d’y trouver la moindre parcelle pour nourrir les chevaux. Partout jusqu’à présent, Sylvain Tesson et Priscilla Telmon avaient été bien accueillis. Ce n’est plus le cas ici. En Ouzbékistan, ils tiennent à contempler les plus belles villes : Samarcande, Boukhara et Khiva. Mais atteindre une ville à cheval n’est pas chose facile. Même en Asie centrale. La suite du voyage les mène jusqu’à la mer d’Aral, symbole de l’échec absolu des Soviétiques dans la culture du coton. L’intensification de la production l’a peu à peu asséchée. Les ports de pêche sont aujourd’hui dévastés et l’activité y est désormais pour beaucoup tournée vers le trafic de drogue à destination de la Russie. Il est temps de se séparer des chevaux qui sont cédés au musée de Noukous. Ils semblent être entre de bonnes mains.

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