Surbooké

Le blog de Laurent Bisault

L’Américaine, Catherine Bardon, Éditions Les Escales

Juin 1, 2019 #Les Escales

Chouette, la suite des Déracinés, ce magnifique bouquin qui raconte l’installation de Juifs autrichiens échappés de l’Allemagne nazie en République dominicaine. Si vous ne l’avez pas lu, apprenez quand même qu’on retrouve une grande partie des personnages des Déracinés dans L’Américaine à l’exception de William Rosenheck qui est mort à la fin du premier tome. Mais sa magnifique épouse Almah est toujours là ainsi que leurs enfants Frederick et Ruth. Ruth est d’ailleurs le personnage principal du tome 2. Elle gagne son surnom parce qu’elle abandonne ses études d’infirmière et part en septembre 1961 à New York pour marcher sur les traces de son père et devenir comme lui journaliste. Dans la Grosse Pomme l’attendent sa tante Myriam, son mari Aaron Ginsberg un architecte de renom ainsi que leur jeune fils Nathan. Pendant son voyage en bateau, Ruth rencontre Arturo Soteras, jeune dominicain qui s’exile lui aussi afin d’étudier le piano à la Julliard School. Il s’ensuivra une amitié indéfectible. Bien qu’ils aient choisi de partir, quitter leur île est un déchirement pour les deux jeunes gens. Il leur faudra maîtriser une nouvelle langue, un nouvel environnement et faire, au moins provisoirement le deuil de la vie sous les tropiques. Ce livre est d’ailleurs une perpétuelle interrogation sur les racines de Ruth. Fille de Juifs autrichiens réfugiés en République dominicaine, qui est-elle ? Dominicaine, américaine en devenir, israélienne comme une partie des habitants de la communauté de Sosùa créée par ses parents ? Sa vie de 1961 à 1966 va l’éclairer. Elle nous aura entre-temps fait découvrir moult événements devenus historiques. Le discours de Martin Luther King en 1963 à Washington. Le triomphe des Beatles devenus icônes du rock aux États-Unis. Le début de la guerre du Vietnam. Les méfaits de la révolution des hippies en Californie au travers de Lizzie, l’amie d’enfance de Ruth qui se perd entre drogues et gourous. La fin du procès Eichmann, le « Nüremberg du peuple juif ». La guerre civile à Saint-Domingue quand la première élection libre amène au pouvoir Juan Bosch après des années de dictature de Trujillo. Le récit nous relate surtout la découverte que fait Ruth de sa vie d’adulte, comment elle cherche l’amour, ses difficultés à s’intégrer dans la société élitiste des grandes universités américaines. Son interrogation sur sa capacité à vivre en Israël ce qui l’amène à séjourner dans un kibboutz. Et puis il y a Almah. Toujours aussi belle, toujours aussi sensuelle la cinquantaine venue. Almah qui porte encore et toujours sa famille à bout de bras et qui s’interroge par moment sur la possibilité de refaire sa vie.

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