Petit rappel. Nous avions quitté Minou Joubert et son mari Piet Reydon en 1562 dans leur château de Puivert à la fin de La cité de feu. Minou a été rétablie dans ses droits de châtelaine au grand dam de Valentin Vidal évêque de Toulouse. Il va chercher à se venger de ce couple de Huguenots dont la famille compte également des Catholiques. Ils vivent paisiblement tous ensemble au pied des Pyrénées, juste en dessous du plateau de Sault. Voilà qui n’est pas commun puisque nous sommes désormais en 1572, l’année de la Saint-Barthélémy, ce que les protagonistes du roman ne savent pas encore. La période s’annonce pourtant sous de bons augures puisque le mariage de Marguerite de Valois la Catholique et de Henri de Bourbon le Huguenot est annoncé à Paris. Décidée par Catherine de Médicis, la mère de Marguerite et véritable dirigeante du royaume de France, l’union doit permettre de réconcilier le pays. Mais ce n’est pas si simple puisque Marguerite est la maîtresse du duc de Guise, pilier des forces catholiques, qui n’accepte pas de voir le roi de Navarre se rapprocher du trône de France. Marguerite espère jusqu’au dernier moment éviter son mariage que le Pape pourrait interdire. Mais sa mère a fait le nécessaire en stoppant les courriers en provenance de Rome. Elle n’échappera pas à son destin, et à ce prince à la belle allure dont l’haleine empeste toutefois l’ail. Aux Pays-Bas la révolte contre l’occupant espagnol bat son plein. Elle permettra à terme la création d’un État à dominante protestante. La famille Reydon ne veut pas rater le mariage royal. Elle part donc sur les routes pour rejoindre Paris en privilégiant les zones les moins dangereuses pour les Huguenots. Minou, Piet, leur jeune fille Marta, le petit dernier Jean-Jacques, ainsi que Salvadora la tante de Minou, passent par Chalabre, Toulouse, Saint-Antonin, Limoges et Orléans. Aimeric, le frère de Minou, les a précédés. Il doit protéger pendant le mariage l’Amiral de Coligny, l’alter ego du duc de Guise côté protestant. À Paris la foule se presse, il devient difficile de trouver une chambre à prix abordable. Et comme si cela ne suffisait pas, la chaleur du mois d’août amplifie la puanteur de la ville.
Lire Kate Mosse c’est la certitude de s’endormir le soir en regrettant de ne pas avoir été assez loin dans son roman
Le roman et la grande Histoire, vont désormais se mélanger pour notre plus grand plaisir. Admirable conteuse, Kate Mosse revendique ce droit comme l’avait fait Alexandre Dumas dans La Reine Margot. Elle nous fait voyager de Notre-Dame à la Sainte-Chapelle quand soudain déferlent dans les rues des spadassins lancés à la recherche des Huguenots. Le massacre a commencé alors que la petite Marta a échappé à la surveillance de ses parents. La suite du récit nous transporte à Amsterdam où se réfugient de nombreux Huguenots. La ville n’a pas encore échappé à la mainmise des marchands catholiques et les nouveaux arrivants ne sont pas appréciés des Hollandais. Les réfugiés tentent toutefois de s’adapter en apprenant la langue du pays, et en troquant le vin de Tarascon contre la bière et le fromage de chèvre pour du poisson fumé. Mais le sinistre Vidal n’en a pas fini de ses mauvaises actions. Lire Kate Mosse c’est la certitude de s’endormir le soir en regrettant de ne pas avoir été assez loin dans son roman. C’est le plaisir de le retrouver le lendemain. Voire même bien plus tard car il nous faudra attendre au moins une année pour accéder au troisième et dernier tome de la saga. On sait déjà qu’elle nous transportera près du Cap de Bonne-Espérance en Afrique du Sud. Une région où pendant longtemps il ne faisait pas bon de se séparer de son épée au risque de se faire occire. Alors patience et surveillez vos arrières, on ne sait jamais.