Surbooké

Le blog de Laurent Bisault

Mystic River, Dennis Lehane, Éditions Rivages

Fév 9, 2021 #Rivages

Tous ceux qui considèrent que le roman noir, le thriller ou encore le roman policier constituent une littérature de seconde zone devraient lire Dennis Lehane. Ils s’apercevraient que la classification imposée par Gallimard, collection blanche pour les ouvrages prestigieux, Série noire pour les bouquins de détente, laisse dubitatif. Car Dennis Lehane, tout auteur de thrillers qu’il soit, est un immense écrivain. L’égal aux États-Unis de Truman Capote, de Faulkner, d’Hemingway ou de Steinbeck. Et ce autant par sa capacité à captiver ses lecteurs que par l’analyse de la société où vivent ses personnages. On l’avait déjà vérifié avec sa trilogie composée de Un pays à l’aube, Ils vivent la nuit et de Ce monde disparu. C’est tout autant vrai avec Mystic River que beaucoup connaissent par l’adaptation cinématographique de Clint Eastwood. Dans ce roman sorti en 2001 Lehane nous raconte l’histoire de trois amis, Sean Devine, Jimmy Marcus et de David Boyle, que l’on découvre âgés de onze ans en 1975. Le père de Sean est contremaître, celui de Jimmy charge les camions. David n’a pas de père, que des oncles. Ils vivent tous à Est Buckingham un quartier de Boston. Forcément de Boston car Dennis Lehane n’est l’écrivain que d’une ville. Jimmy et Dave habitent les Flats alors que Sean réside au Point. Deux quartiers prolos mais pas du même niveau. Prolo moins aux Flats, prolo plus au Point. On loue son logement aux Flats tandis qu’on l’achète au Point. Alors qu’ils sont dans la rue David est enlevé par deux hommes qui le font monter dans leur voiture en se faisant passer pour des flics. Il réapparaît quatre jours plus tard. Dave ne raconte à personne ce qu’il a vécu, mais il n’oubliera jamais les deux hommes qui l’ont ramassé dans la rue. Ceux qui resteront à jamais pour lui Gros Loup et Loup miteux. Jimmy et Dave resteront eux aussi marqués et n’auront de cesse de se demander comment aurait évolué leur existence s’ils étaient montés dans le véhicule à la place de Dave. On retrouve les trois protagonistes en 2000. Jimmy Marcus est sorti de prison depuis treize ans. Un temps champion de la cambriole, il s’est rangé des voitures pour élever sa fille Katie qui vient de perdre sa mère. Il a épousé Annabeth avec qui il a eu deux filles, et gère une épicerie. Katie a dix-neuf ans, elle est plus belle que jamais, et elle enterre sa vie de jeune fille avec ses deux meilleures amies. Après moult libations, elle les dépose chez elles et repart en voiture. Officiellement Kate doit assister le lendemain à la communion de sa demi-sœur Nadine, mais elle a en secret prévu de se marier. Avec un jeune homme, Brendan Harris, que son père Jimmy déteste comme toute la famille Harris sans que l’on sache pourquoi. On la retrouvera morte dans un parc de la ville. Devenu policier Sean Devine est chargé de l’enquête, lui qui peine à se remettre du départ de sa femme. Un temps vedette du baseball, David Boyle vivote aux Flats. Il rentre un soir chez lui et explique à sa femme qu’il a été attaqué par un junkie. Et qu’il se pourrait bien qu’il l’ait tué en se défendant.

L’homme ou la femme que vous aimez est rarement à la hauteur de votre amour

Alors débute l’enquête qui va rapprocher à nouveau les anciens amis, ce dont ils se seraient bien passés, eux qui sont déjà des rescapés de la vie. Même Sean malgré sa voix de bande-annonce. Car il en a vu des horreurs en tant que flic, lui qui en plus passe son temps libre au téléphone à espérer que sa femme lui parle. Mais comme lui explique une des protagonistes du roman : « L’homme ou la femme que vous aimez est rarement à la hauteur de votre amour ». Sean Devine n’a jamais voulu d’enfants, mais il se trouve que celle qui est encore son épouse a une petite fille, sans qu’il sache si elle est de lui ou d’un autre. Jimmy Marcus n’aurait jamais cru pouvoir élever Katie quand il l’avait récupérée. Il a également un temps douté pouvoir oublier sa première femme tant elle était belle. Il a pourtant réécrit son histoire, motivé qu’il était de ne pas retourner en prison, où il avait bien cru mourir pendant sa première nuit d’internement. Cela ne l’empêche pas de côtoyer ses beaux-frères qui sont les voyous les plus craints du quartier. Dave est le paumé de la bande, n’ayant jamais été en capacité d’oublier ce qu’il avait vécu. C’est aussi le plus décati socialement, dans le quartier des Flats qui est devenu le refuge de la délinquance au contraire du Point colonisé par la bourgeoisie de Boston. De leur rencontre sortira peut-être l’explication de la mort de Katie Marcus, mais aussi beaucoup de souffrances.

4 thoughts on “Mystic River, Dennis Lehane, Éditions Rivages”
  1. Superbe roman !
    Pour moi Denis Lehane est un maître du polar, dans le sens le plus noble du terme !
    Je vous conseille aussi ces autres bouquins avec ses deux personnages Patrick Kenzie et Angela Gennaro !

    1. C’est Stéphane Meloux qui m’a conseillé de lire Dennis Lehane. Il m’a fait récemment une autre suggestion comme Brigitte il y a quelque temps. Je suis ouvert à tout… pourvu que cela me plaise.

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