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Le blog de Laurent Bisault

Berlin 49, Joseph Kanon, Éditions Le Seuil

Juin 10, 2023 #Le Seuil

Berlin, janvier 1949. La ville est séparée en quatre zones d’occupation militaire depuis la victoire des alliés contre l’Allemagne nazie. En juin 1948 les Soviétiques ont coupé les accès aux secteurs occidentaux qui en réponse ont organisé un pont aérien à même d’y faire entrer jusqu’à huit mille tonnes de marchandises par jour. Écrivain, scénariste Alex Meier est de retour à Berlin, dans la partie soviétique. Juif communiste il avait fui l’Allemagne dans les années trente pour s’installer aux États-Unis. Mais le vent a tourné et le maccarthysme l’a éjecté d’Amérique. Il n’est pas le seul à être rentré, Bertolt Brecht l’a précédé. Berlin est toujours en ruines, Alex voit des femmes se passer des sceaux de gravats dans un paysage qu’il ne reconnaît plus quinze années après en être parti. Il n’a plus de famille, ses parents ayant été réduits en cendres quelque part en Pologne. Et il a laissé un fils aux États-Unis après son divorce. Parce qu’il a envoyé la commission sur les « activités anti-américaines » se faire foutre, les Russes sont contents de le récupérer. C’est pourquoi le FBI l’a choisi. Il a le profil idéal pour ce qu’il attend de lui, et on lui a promis des papiers tout neufs quand il reviendrait chez l’Oncle Sam.

 Les « Mongols » ont violé une grande partie des Berlinoises de tout âge

L’écrivain américain Joseph Kanon nous propose un roman d’espionnage dense, touffu. Il faut parfois s’accrocher pour s’y retrouver dans les coups tordus distribués sans compter dans ce début de la guerre froide. Autant que pour son intrigue, Berlin 1949 vaut pour son fabuleux portait de la nouvelle République démocratique allemande. Mille sept cents calories par jour, des manteaux qui valent de l’or, pas de chauffage la nuit, tel est le quotidien des vaincus. Alors gare à ceux qui se promènent seuls, on a vite fait d’être dépouillé. Ici les Soviétiques se sont servis en tant que vainqueurs. Les « Mongols » ont violé une grande partie des Berlinoises de tout âge. Cent mille disent certains historiens. À la clé des meurtres pour celles qui résistaient ou les rares qui tentaient de les défendre. Et des avortements dans les conditions que l’on imagine. Les prisonniers de guerre sont rarement rentrés, parce qu’après les crimes nazis les Soviétiques les ont fait mourir d’épuisement dans des camps. Certains ont pourtant été rapatriés en Allemagne pour extraire l’uranium dont le petit père des peuples a tant besoin pour fabriquer sa bombe. Impossible d’y échapper. Tout le monde a peur dans la nouvelle Allemagne socialiste. Les habitants qui se surveillent mutuellement. Les membres du parti qui obéissent aux Russes. Et même les militaires envoyés par Moscou qui n’ont qu’une crainte : être rappelé au pays. Dans cette période ça augure rarement d’un avenir radieux.

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