Surbooké

Le blog de Laurent Bisault

Almah – Une jeunesse viennoise, Catherine Bardon, Éditions Les Escales

Oct 13, 2024 #Les Escales

Catherine Bardon nous offre un retour vers une femme que nous aurions préféré ne jamais quitter. Mais voilà Almah l’extraordinaire héroïne des Déracinés s’en est allée centenaire après le quatrième tome de la saga. Alors parce que nombreux lui en ont parlé, parce qu’elle ne l’a jamais vraiment abandonnée, l’autrice nous propose aujourd’hui un volume supplémentaire consacré à la jeunesse d’Almah. Un peu comme le petit chocolat qui fait durer le plaisir quand le repas est terminé.. Ce petit livre, 192 pages seulement, est a priori destiné en priorité à ceux qui ont lu la saga. Il débute avec la naissance d’Almah et se termine quand elle rencontre Wilhelm son futur mari. Une jeunesse viennoise nous emmène au sein d’une famille riche de ses revenus et de sa culture, qui se sent davantage autrichienne que juive. Elle envoie sa fille dans une école non confessionnelle parce que telle est la logique de l’assimilation des Juifs et parce que les aïeuls vivaient déjà à Vienne il y a cinq siècles. Mais après la disparition de l’Empire austro-hongrois l’antisémitisme, qui n’avait jamais disparu, reprend de la vigueur. Si certains Juifs en prennent conscience, dans la famille d’Almah on se berce d’illusions. Mais avant de le comprendre dans Les déracinés la jeune fille va découvrir la vie.

Autant de privilèges dus à leur statut social

Avril 1911, naissance d’Almah, la fille de Hannah et de Julius Kahn au sein de la bourgeoisie juive aisée de Vienne. Hannah est une pianiste cultivée qui a choisi le nom de sa fille en référence à Almah Mahler la figure féminine qu’elle admire. Julius est chirurgien. L’arrivée d’Almah constitue un immense soulagement pour le couple car Hannah a déjà perdu un bébé au cinquième mois d’une grossesse, puis un second d’une scarlatine compliquée d’une diphtérie à dix mois. Ces deux drames l’ont plongée dans de profonds épisodes de mélancolie, que même le docteur Freud ne parvient que partiellement à soigner. La famille Kahn vit avec deux employés, Teofila la domestique venue de Boutchatch en Galicie et Alois l’homme à tout faire. Ils partent en villégiature estivale à Baden et se déplacent à Lugano, autant de privilèges dus à leur statut social. Cette quiétude prend fin le 28 juillet 1914 quand l’Empereur d’Autriche déclare la guerre à la Serbie. Le pire des conflits mondiaux jamais connu va éclater mais personne ne peut encore l’imaginer. L’affrontement planétaire entraîne l’engagement volontaire de Julius en 1916, ce qui perturbe plus Hannah que sa fille. La famille se reforme en 1918, et les privations matérielles qui affectent même les plus riches ne perturbent pas les retrouvailles.

Vous pourriez aussi apprécier

Abonnez-vous pour être averti des nouvelles chroniques !

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *