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Le blog de Laurent Bisault

Mon territoire, Tess Sharpe, Éditions Sonatine

Déc 6, 2020 #Sonatine

On ne la lui fait pas parce qu’elle a été à bonne école. Harley McKenna est une dure à cuire. À 8 ans elle voit sa mère mourir dans un incendie criminel et son père Duke tuer un homme. À 12 elle pointe son pistolet et pas pour plaisanter. À seize ans son bac en poche, Harley assiste son père Duke dans son business. Pas en touchant à la drogue dont il est le patron dans ce comté de Californie du nord aux confins de l’Oregon. En ramassant l’argent qu’il a prêté à de pauvres hères qui n’ont pu emprunter ailleurs. Et qui surtout ont eu le tort de tarder à le rembourser. Élevée dans la propriété familiale, un parc de 240 hectares, Harley a été façonnée par son père pour lui succéder. Enfermée gamine dans un coffre de voiture pour vérifier qu’elle saurait en sortir. Tireuse d’élite aussi bien au pistolet qu’au fusil. Pourtant ce n’est pas la violence gratuite qui la motive. Elle utilise le savoir de son paternel pour perpétuer ce qu’a créé sa mère : un refuge pour les femmes qui doivent se protéger de leur mec, de leur mari ou de leur père. Parce qu’un homme ça hurle, ça frappe et ça viole. Pour cela Harley peut compter sur sa chienne Busy, une pitbull qui a tout de l’arme létale.

Ce premier roman pour adultes de la jeune Tess Sharpe est une vraie réussite

Une jolie motivation, mais un objectif compliqué à atteindre car le comté est d’abord celui du combat de sa famille contre les Springfield. Et si Duke s’est un temps imposé en repoussant Carl Springfield de l’autre côté de la rivière, celui-ci ne rêve que de prendre sa revanche. Ce premier roman pour adultes de la jeune Tess Sharpe est une vraie réussite. Plus de 400 pages qui vous tiennent en haleine avec tout au plus quelques longueurs sur la fin. Ce n’est pas vraiment surprenant quand on connaît la qualité de son éditeur Sonatine qui nous a notamment fait connaître Ellory, et qui occupe une place privilégiée dans la littérature américaine publiée en France. Mon territoire est-il un thriller, un roman d’action, un roman rural ? Difficile de le classer. Il rappelle par sa violence ceux de Tim Willocks également sortis chez Sonatine. La mort selon Turner chroniqué sur ce blog, mais aussi La Religion et Les douze enfants de Paris. Par la place qu’elle accorde à la nature, à la forêt et ses animaux, Tess Sharpe s’inscrit aussi dans la lignée des écrivains du Montana comme James Lee Burke et James Crumley. Mais son livre n’est pas un roman noir car on y trouve de l’espoir. Dans le foyer où se requinquent les femmes battues et leurs enfants. Mais aussi dans l’amour que voue Harley à Will qui a grandi à ses côtés, et avec qui elle espère bien faire sa vie même si rien n’est facile dans la famille McKenna. Alors tel père telle fille comme se plaît à le dire Duke ? Rien n’est moins sûr.

4 thoughts on “Mon territoire, Tess Sharpe, Éditions Sonatine”
  1. Merci Laurent pour cette chronique qui reflète bien la richesse de ce roman, qui est à la fois très noir mais plein d’espoir !
    Je ne sais pas qui te l’a conseillé mais c’est un très bon choix 😉

    A lire ABSOLUMENT !!!

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