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Le blog de Laurent Bisault

Blanches, Claire Vesin, Éditions La Manufacture de livres

Il a été un garçon à problèmes puis un jeune homme avec de sérieux ennuis. Mais plus que jamais Aimée aime Arnaud quoi qu’aient pu en penser les parents de la jeune femme. Pour Jean-Claude le père d’Arnaud, Villedeuil incarne la beauté des banlieues ouvrières. Le concept pourrait échapper à certains car Jean-Claude travaille depuis trente ans dans une des cinq tours de l’hôpital construites dans les années soixante-dix. Un bâtiment où tout a vieilli, avec désormais des fuites dans les plafonds et des pigeons dans les sous-sols, la faute aux travaux toujours reportés. Évelyne et Gilles habitent une grande maison aux portes de Paris où ils accueillent Jean-Claude. Rien que de très normal car les deux hommes sont amis, tous les deux chirurgiens, mais pas au même endroit. Contrairement à Jean-Claude, Gilles a choisi une clinique privée pour succéder à son père qui lui a cédé ses parts. Évelyne qui fut infirmière le temps de rencontrer son futur mari, ne travaille plus. Évelyne et Gilles sont les parents d’Aimée et la jeune femme a connu il y a un an des moments difficiles avec Arnaud. Officiellement elle irait mieux. Aimée a passé l’internat et a choisi l’hôpital de Villedeuil pour son stage. Pour Jean-Claude, Aimée c’est la vie d’avant quand il pensait qu’Arnaud s’en sortirait. C’était avant sa disparition.

L’hôpital public qui fut longtemps un des piliers de notre contrat social se transforme peu à peu en une machine à produire de la maltraitance

Ce roman est noir, très noir. Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas retrouvé autant secoué en terminant un livre. À cela plusieurs raisons. Le monde de Claire Vesin n’a rien d’imaginaire. C’est celui qu’elle a côtoyé comme médecin d’une commune francilienne où elle vit encore. Son cabinet de cardiologue est installé à Argenteuil, un nom qui sonne comme Villedeuil. L’action de Blanches est datée du début des années 2010. L’aurait-elle publié à ce moment que nous n’aurions sans doute pas cru Claire Vesin. Pourtant nous y sommes. Les décès par manques de soins ne sont plus rares dans les services d’urgence, du moins quand nous parvenons à les atteindre. L’hôpital public qui fut longtemps un des piliers de notre contrat social se transforme peu à peu en une machine à produire de la maltraitance. Pour les blouses « blanches » comme pour les patients. Et encore comme l’a raconté Claire Vesin à Marceline Bodier (ici), elle sait pertinemment que tout s’est aggravé depuis. Pour ceux qui en douteraient, la mortalité infantile augmente de nouveau en France, notamment dans les départements qui n’ont plus de maternité.

 Les soignants savent encore partager les victuailles dans la salle de repos

Pour autant Blanches n’est pas un reportage. C’est une œuvre littéraire qui fait parfois penser à ce qu’écrit Nicolas Mathieu. Une œuvre avec de nombreux personnages qui ont tous un rapport avec l’hôpital. Avec des joies qui se mêlent aux souffrances comme dans nos vies. Les soignants savent encore partager les victuailles dans la salle de repos, et certains patients n’oublient pas de revenir là où on les a soignés pour offrir des gâteaux. Les difficultés de Laetitia et de son copain Kamel comme celles de Fabrice et de Mélanie ont aussi des origines extraprofessionnelles. Blanches est un roman, le premier de Claire Vesin, sans doute pas le dernier.

Qu’en dit Bibliosurf ?
https://www.bibliosurf.com/Blanches.html

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