17 septembre 1986, Paris est à feu et à sang. Cette fois c’est rue de Rennes que l’explosion a eu lieu. Ils ont balancé un objet piégé dans une poubelle avec de la limaille et des clous. Il y a six ou sept morts et une centaine de blessés. Chirac, Pasqua, Pandraud, Marchiani et consorts passent en revue les deux hypothèses. Georges Ibrahim Abdallah et les Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL) soutenues par la Syrie, ou le Hezbollah et l’Iran. La piste libanaise permet de préserver les relations entre Paris et Téhéran, mais au même moment à Beyrouth des Chiites abattent l’attaché militaire français. Sandra Gagliago magistrate à la 14e section du parquet de Paris une instance anti-terroriste, doute de la thèse officielle. Son compagnon Nicolas Caillaux, commissaire aux Renseignements généraux (RG), aussi. Le 17 novembre Paris paye un tiers de la dette Eurodif à Téhéran. Même si l’État français refuse de livrer de l’uranium enrichi, Pasqua espère que l’argent versé permettra de récupérer les otages français détenus au Liban. Le même jour Georges Besse patron de Renault est abattu. La police accuse les quatre derniers membres d’Action directe, mais elle sait aussi que Besse a précédemment été à la tête d’Eurodif. Les attentats, et la mort de Malik Oussekine tué par les voltigeurs de Pasqua, attisent les luttes entre le Premier ministre Jacques Chirac et le président de la République François Mitterrand. Tout est bon pour en tirer profit, à Paris comme au Liban. Car là-bas « L’otage est devenu une marchandise comme une autre ».
Il réitère avec autant de succès avec cette histoire du pays du cèdre
Avec ce troisième et dernier tome de la trilogie de Frédéric Paulin sur la guerre civile libanaise, il faut prendre le temps de dire combien cet auteur est unique. Car qui d’autre pourrait nous faire lire 1 200 pages consacrées aux quinze années d’affrontements qui ont ravagé ce pays ? Le secret de cet auteur est de mêler un récit digne des meilleurs romans noirs à une incroyable documentation historique. Si Paulin assume l’ajout de personnages, c’est pour mieux nous raconter ce qui s’est réellement passé. Et nous en avons besoin pour discerner ces multiples communautés, chrétiennes, sunnites, chiites ou druzes, qui ont passé leur temps à se massacrer. Et à se tuer en interne. Elles ont pour cela été aidées, poussées, financées par tous les pays qui sont venus se servir au Liban. Frédéric Paulin avait déjà magnifiquement réussi sa première trilogie consacrée à la décennie noire algérienne. Il réitère avec autant de succès avec cette histoire du pays du cèdre. On doit d’ailleurs s’étonner qu’il ne soit pas mieux reconnu, comme l’avait été Jean-Patrick Manchette dans les années soixante-dix quand il avait relancé le roman noir français. Que Frédéric Paulin aime à rappeler que « Les bruits de bottes peuvent revenir » n’a sûrement pas aidé à la diffusion de ses livres.
L’important est de couler le camp adverse
Que s’obscurcissent le soleil et la lumière couvre la période 1986-1990. En France où se déroule une grande partie du roman, débute la première cohabitation. Jacques Chirac à Matignon et François Mitterrand à l’Élysée ont tous les deux la présidentielle de 1988 en ligne de mire. Les attentats à Paris comme les prises d’otages à Beyrouth constituent pour eux d’excellents arguments électoraux. Peu importe de s’asseoir sur la morale et le respect de la justice, l’important est de couler le camp adverse. Philippe Kellermann conseiller de Mitterrand, Sandra Gagliago, Christian Dixneuf l’ancien de la DGSE, Zia al-Faqîh la belle Chiite qui repousse Kellermann, Michel Nada ce Libanais élu député à Nice, sont les principaux personnages entrevus dans les volumes précédents. Ils vont interagir avec ces moments dramatiques, parfois au prix de leur vie. À Paris et surtout à Beyrouth où la folie ambiante fait toujours plus de morts. Même les Syriens ne contrôlent plus rien. Alors que défilent sur les écrans de télévision français les noms des otages retenus parfois depuis plus de mille jours. Jean-Paul Kaufmann, Michel Seurat, Marcel Carton, Marcel Fontaine, Jean-Louis Normandin…
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