Un roman vaguement thriller, plein d’humour, que l’on classera de préférence dans la catégorie « À ne pas manquer ». Une collection de personnages dont on se demande au début ce qui va les relier, les plus anodins révélant peu à peu leur côté diabolique. Une construction parfaitement maîtrisée de l’histoire. Une présentation tout en retenue de l’impasse des États-Unis en Afghanistan. Quelques jolies réflexions sur la place des hommes dans les couples américains. Une éditrice Liana Levi qui sélectionne ses auteurs avec un énorme talent, de Seth Greenland à Alfio Caruso, Antonio Pannacchi, Aline Kiner ou Milena Agus. Soit au total plein d’excellentes raisons pour déguster le roman de Iain Levison un Écossais qui vit en Amérique. Côté personnages on découvre à l’entame du livre Jim Smith soixante-trois ans, un peu d’embonpoint, chauffeur Uber à Philadelphie et néanmoins retraité. Pas un méchant, juste un ours mal léché qui tient à sa tranquillité. Le voisin c’est lui. Il y a aussi Kyle Boggs militaire gay, qui reprend contact dans un bled pourri du Texas avec Madison son ancienne petite amie du lycée. Ils s’étaient quittés en bons termes même si elle aurait bien voulu perdre sa virginité avec lui. Kyle lui propose un deal : l’épouser et l’emmener en Afghanistan où il va être muté en tant que membre des services spéciaux. Madison aura une vie sociale à la base, et elle pourra enfin faire soigner Davis son fils malade qu’elle élève seule, tout en se tapant les mecs qu’elle choisira. De son côté Kyle profitera de son statut d’homme marié pour faire carrière. Il veut être diplomate, ce qui est compatible avec un passage chez les militaires, mais un militaire gay ça ne le fait pas.
Faites confiance au talent de Ian Levison
En Afghanistan il y a également le tireur d’élite Grolsch chargé avec son guetteur Dawles de tuer le terroriste « Robe marron ». Les deux hommes cachés dans une grotte abattent leur cible, appellent l’hélico qui doit venir les chercher, quand ils s’aperçoivent que les Afghans ont un mortier. L’horreur change de camp. Dawles est gravement touché et Grolsch l’achève pour qu’ils ne tombe pas aux mains des Afghans. On le retrouve à Dubaï pour une semaine de repos qu’il passe avec Leann Sullivan, sa capitaine en Afghanistan. Une parenthèse avant leur retour à l’enfer de la guerre avec une seule règle : ne pas évoquer leur vie conjugale. Et Grolsch en a une puisque sa femme Corina, issue d’une longue lignée de Portoricains vendeurs de drogue, de stripteaseuses et de voleurs de voitures l’attend dans leur nouvel appartement à Philadelphie. Son voisin est justement Jim, qui se comporte plutôt bien avec Corina pour un vieux sauvage. Pas parce que le physique de sa voisine lui a permis pendant des années de se faire admirer dans les clubs pour hommes. Juste parce que le courant passe entre eux. Pourtant Corina a non seulement un fils mais aussi un chien, soit deux raisons d’altérer la tranquillité de Jim. Ça y est les éléments du puzzle sont en place et il n’y a plus qu’à attendre que ça pète. Pour cela faites confiance au talent de Iain Levison. Il n’en manque pas.